PORTRAITS ET TÉMOIGNAGES

Une sélection de portraits de femmes (et de filles) congolaises avec des extraits de leurs témoignages*

Micheline Ngoma, 37

<< Qui peut aimer faire cela ? C’est un travail harassant. Nous ne voyons rien, l’eau est sombre et trouble. Il faut chercher les coquillages à tâtons. C’est un peu plus facile à marée basse car la visibilité est meilleure et nous pouvons deviner les ombres des palourdes. Le plus difficile est de retenir son souffle, de plonger à l’aveugle, encore et encore, dans les eaux noires du fleuve [Congo]. >>

Mimy Kuzoma, 40

<< Au Congo, nous, les femmes, avons l’impression d’être inférieures aux hommes, et pourtant, dans notre quotidien, nous voyons bien que ce n’est pas le cas. Mais ce sont les hommes qui nous considèrent comme cela, et c’est un vrai problème de société. Nous ne devons pas nous laisser faire, nous devons gagner notre autonomie. >>

Yollande Yowa Ngoy ("Orakle"), 36

<< J’ai toujours été passionnée par la défense des autres, c’est pour cela que j’ai étudié le droit. Le rap et le droit sont liés pour moi. A travers le rap, je défends des causes, je suis dans l’engagement. Quand je parle de la femme, je fais un rappel à la conscience. Je parle des orphelins ou des enfants des rues en disant qu’ils sont les nôtres, alors que nous avons tendance à les voir comme des étrangers, comme un danger. Quand je parle de mon pays, je fais une lecture de faits et je vous laisse le choix de l’accepter ou pas. >>

Jeanne Khonde-Malonda, 47

<< Lorsque j’étais enfant, je faisais des rêves troublants dont je ne trouvais pas la signification. Je fréquentais alors l’Eglise kimbanguiste, et j’y ai rencontré des gens qui m’ont aidée à répondre à mes interrogations. J’avais 12 ans lorsque j’ai compris que j’avais un don particulier. Personne avant moi n’avait eu ce don dans ma famille. Il y avait des prêtres, des pasteurs autour de moi, mais j’étais la première nganga-nzambe [littéralement la guérisseuse de Dieu en langue lingala]. >>

Thérèse Izay Kirongozo, 44 (au centre)

<< J’ai fait de l’électronique industrielle car j’ai toujours été fascinée par les composants électroniques. Dès l’école primaire, j’imaginais comment toutes les radios de mon quartier pouvaient fonctionner en même temps, ça me passionnait. J’ai eu mon diplôme d’ingénieur électronicien dans l’industrialisation après avoir fait des études de mathématiques et de physique. Ensuite je me suis tournée vers l’automatisation programmable. « Women’s Technologie » a commencé comme une association. J’ai voulu aider les femmes ingénieurs qui ont du mal, en tant que femmes, à trouver un travail. Dans les milieux techniques, la priorité est donnée aux hommes, mais la science n’a pas de sexe. >>

Aicha Misindo, 45

<< Au Congo, nous pouvons vivre l’islam sans problème, nous sommes acceptés. Nous vivons bien avec nos voisins, qu’ils soient catholiques ou kimbanguistes, peu importe leur religion. Certaines communautés religieuses poussent aux conflits, ici aussi en R.D.C, mais il ne faut pas y céder. Le Coran nous demande d’être unis, il ne nous demande pas d’aller contre les autres, même s’ils ont une religion différente. Nous éprouvons de la peine à voir la situation de nos frères et soeurs musulmans qui souffrent dans le monde. Je prie pour eux. >>

Thérèse Joxellius Kanga, 58

<< Je suis fière d’être devenue suédoise car c’est un pays qui donne de la valeur aux femmes. La femme est au centre, elle est l’égal des hommes, et c’était déjà le cas quand je suis arrivée dans les années 80. Je l’ai remarqué tout de suite, c’était une grande différence avec le Congo. En Suède, les hommes aident vraiment leur femme. Ils prennent soin des enfants avec leur femme, ils participent aux tâches ménagères. La femme au Congo travaille vraiment beaucoup, elle supporte tout toute seule. Elle va aux champs, elle prend soin des enfants et elle n’est pas aidée par son mari. Lorsque mon père est assis à l’extérieur de la maison et qu’il a besoin de quelque chose, il demande toujours à une femme autour de lui de le servir.

Mon père avait deux femmes. Ma mère était la première femme, puis une autre est arrivée quand j’avais deux ans. Nous habitions tous ensemble au début, puis quand mon père a gagné plus d’argent, il a construit une maison pour sa seconde épouse. Elle me traitait comme sa fille, elle était gentille et s’entendait bien avec ma mère au début, mais ça n’a pas duré. Elle a eu cinq enfants avec mon père, ma mère en a eu six. Je n’ai jamais parlé de ce sujet avec ma mère. C’était une situation acceptable ici au Congo. Quand on a de l’argent, on peut se marier avec deux, trois femmes. L’homme peut se marier plusieurs fois, la femme n’en a pas le droit, c’est considéré come un adultère pour elle. >>

Octavie Sala, 43

<< Je n’ai pas eu le droit d’aller à ses funérailles, la coutume ne me le permet pas. Je voulais y aller, mais la famille me l’a interdit. Dans nos traditions, quand une femme perd son mari, elle ne peut pas aller au cimetière. Mon beau père disait qu’un esprit démoniaque pourrait me posséder à ce moment-là et que je ne pourrais pas supporter de voir mon mari mis en terre. J’ai insisté, j’ai pleuré, mais je n’ai pas eu le choix. Je pourrais lui rendre visite au cimetière un an après son enterrement. Mes fils ont eu le droit d’assister aux obsèques, mais pas mes filles. C’est plus compliqué pour elles d’accepter la mort de leur père, elles ne réalisent pas vraiment. C’est difficile pour moi aussi. J’ai parfois l’impression qu’il est en voyage. Il s’absentait beaucoup pour son travail. Cette fois-ci il ne reviendra pas. >>

Rose Mata, 52

<< Je n'ai pas de bras, je suis née comme cela. Mes parents m'ont toujours soutenue, surtout mon papa, il m'encourageait. Il a tout fait pour me mettre à l'école. J'ai toujours tout fait avec mes pieds : manger, écrire, dessiner. J'ai commencé à peindre avec mes pieds quand j'étais à l'école primaire, vers l'âge de neuf ans. C'était difficile, mais je me suis donnée corps et âme pour maîtriser le dessin et la peinture. C'est une passion depuis que je suis enfant.

J'ai grandi dans un village. Je m'inspire de la nature dans mes tableaux, de tout ce que je vois autour de moi. >>

Grace Mave, 11

<< Mon père a été rattrapé le premier. Il a été blessé, mais il n’est pas mort. Ils l’ont coupé à la tête et au dos. Puis ils ont attrapé ma mère. Ils lui ont d’abord demandé de l’argent. Comme elle n’en avait pas, ils lui ont demandé de s’asseoir et ils lui ont coupé la tête. Après ils ont lui ouvert le ventre pour enlever le bébé. Elle était enceinte, presque à terme. Ils l’ont découpée en morceaux et ont jeté le bébé près d’elle. J’ai été blessée moi aussi avant de pouvoir me cacher dans la brousse avec mes sœurs, j’ai perdu un bras et ils ont frappé ma petite soeur au visage avec une machette. J’ai entendu le bébé pleurer toute la journée, puis il s’est tu. Je ne sais même pas si c’était un garçon ou une fille. Le bébé est mort aussi, à la fin. Beaucoup de gens sont morts. >>

Gueda Wicht, 39

<< J’ai grandi dans un milieu où on me disait que c’était bien de travailler, d’être brillante à l’école, mais que de toutes façons ça ne me servirait qu’à finir devant des casseroles à préparer à manger pour un homme, et ça, ça me révoltait. Cette peur m’a tellement saisie que je n’ai même plus aimé apprendre à cuisiner comme les autres jeunes filles, par peur que cela m’enferme dans un rôle que je ne voulais pas jouer. Je ne voulais pas être cette femme qui s’occupe juste du foyer. L’aviation était ma passion, pas la cuisine. >>

Alphonsine Ndjeda (âge non-déterminé)

<< Les Lendus sont venus dans mon village et dans le village voisin où je m’étais tout d’abord réfugiée. J’ai fui en brousse, mais ils m’ont retrouvée. J’ai été attaquée par deux personnes. L’une d’entre elles avait deux machettes en main, et l’autre avait des flèches. Une flèche m’a blessée près de l’œil et la machette s’est abattue sur mes bras. Je pensais que j’allais mourir. Ma vie était la seule chose avec laquelle je me suis échappée. >>

Maguy Kalomba, 38 (à gauche)

<< Quand j’ai rencontré mon mari, j’étais déjà comédienne. C’est un des rares maris qui accepte mon travail, qui m’accompagne dans ce que je fais. Ce n’est pas facile quand je suis en création, car je travaille du matin au soir et je n’ai pas beaucoup de temps pour les enfants et pour lui. Ce que j’aime avec mon mari, c’est qu’il comprend ce que je fais parce que je me suis imposée. Peut-être que si je ne m’étais pas imposée, aujourd’hui je serais comme ces femmes qui après le mariage abandonnent le théâtre. J’ai de la chance. >>

‘Maman’ Frenchen, 55

<< La sape (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes), c’est la volonté de bien s’habiller, de porter des nouveaux modèles. Ce ne sont pas des habits traditionnels, ce sont des vêtements qui coûtent chers en Europe. La sape, c’est une façon d’être considéré. Quand tu es bien habillé, on te paie le transport, la nourriture, quand tu n’es pas bien habillé, on ne te regarde même pas. >>

Maguy Kalomba, 38

<< La culture, c’est essentiel pour nourrir l’esprit. Quand on aborde une pièce qui parle de la femme, c’est important. Nous connaissons les combats que les femmes mènent aujourd’hui dans leur quotidien. La femme cherche à s’émanciper, à sortir de son carcan, à être responsable, à s’autonomiser. Quand on apporte ce message, on peut allumer une lumière pour celles qui n’avaient pas d’ambition, elles se révèlent et se sentent importantes, même si le gouvernement ne met pas beaucoup d’argent pour l’épanouissement de ces métiers là. >>

Clarisse Matondo, 38

<< Malgré toutes les difficultés que je rencontre, je suis heureuse. J’ai mes enfants, mes soldats à côté de moi pour me protéger. Quand je serai faible, fatiguée, ce sont mes enfants qui m’aideront, alors je suis heureuse. Je me souviens de l’image du ciel quand je voyais encore, des nuages blancs. Je me souviens d’avoir vu dans les nuages l’image d’une femme avec son enfant dans le dos, accompagnée d’un chien. Je me rappelle que la terre est brune, je me rappelle des pierres sous mes pieds, mais j’ai oublié beaucoup de choses. Je me rappelle qu’au fond de l’eau il y a des pierres et du sable. Le plus beau souvenir que j’ai de l’époque où je voyais encore, c’est le lever et le coucher du soleil.

J’aimerais retrouver la vue. J’aimerais voir tout ce que Dieu a créé: la nature, les arbres, les animaux que l’on mange, ceux que l’on ne mange pas. Je serais heureuse de voir le visage de mes enfants. J’aimais toucher le visage de mon mari quand il était encore en vie. >>

Astrid Soni, 44 (à droite)

<< Je ne sais même pas à quoi sert le cobalt, mais je sais que ça nous rapporte de l’argent. Nous vendons à petit prix, mais ceux qui nous achètent les minerais, eux, gagnent beaucoup d’argent. Si nous protestons contre cela, on nous chasse. Parfois ce que nous gagnons paie tout juste le transport jusqu’à Lubumbashi. Les bonnes semaines, je gagne 30, 000 francs.

Mes enfants m’aident parfois à creuser. Mais l’eau que nous utilisons pour nettoyer la terre est toxique, beaucoup de femmes sont malades. Nous nous soutenons entre femmes et nous rions souvent, même si le travail est difficile. >>

Georgette Dimbu, 46 (au centre)

<< J’ai constaté que la malnutrition relève de trois facteurs. La cause la plus fréquente est l’ignorance. Nous avons tous les produits nécessaires à une bonne alimentation ici, sous la main, à Muanda, mais les gens ne savent pas les exploiter. La deuxième cause, c’est la pauvreté. Les familles ici ont peu de revenus et le sol est pauvre ce qui entraîne un manque des produits agricoles dans la région. La troisième, c’est l’inadaptation. La plupart des enfants malnutris ne sont pas affamés, mais ils reçoivent une alimentation qui n’est pas du tout adaptée à leurs jeunes organismes. Pendant de longues années, lorsque l’économie était florissante, la malnutrition a été plus ou moins réglée en Afrique par l’importation. On importait tout, même le lait. Mais lorsque l’économie ne suit plus, ou en période de guerre, l’importation n’est plus possible. Il faut trouver des solutions locales à la malnutrition. J’ai travaillé avec une nutritionniste pour mettre au point une farine qui réponde aux problèmes de malnutrition des enfants. >>

Maguy Washilama, 40

<< J’ai un style particulier, très masculin. Je veux être présentable quand je conduis. Ma voiture, c’est mon bureau, il faut que je sois propre, présentable même si ce n’est pas climatisé. Peu de femmes s’habillent en homme. Certains pensent que je suis lesbienne, mais je leur réponds que c’est seulement un style et que cela n'a rien à voir avec la sexualité. Je joue deux rôles, la sape et la conduite. Quand je ne travaille pas, je suis toujours sapeuse. J’aime les vestes, les chemises, les cravates, les chapeaux. Aujourd’hui je porte un Borsalino. Cela impressionne, et ça me plaît, je me sens vraiment bien quand je suis habillée comme cela. Mon mari est habitué, il me trouve belle telle comme je suis. >>

Marie-Chantal Kaninda, 53

<< Au-delà de la question des diamants de conflits, les acheteurs veulent que leur argent bénéficie aux communautés qui les extraient. Mais pour que cela fonctionne, il faudrait que les travailleurs connaissent la valeur réelle du diamant. La plupart d’entre eux n’ont jamais vu de diamant poli, de diamant monté sur un bijou, ils ne savent pas à quoi ça va servir et ne sont donc pas en mesure de réclamer un juste salaire. Ils ne connaissent pas la valeur du produit qu’ils extraient. >>

Marie-Claire Kikontwe, 70

<< La préparation des Congolais pour assumer les fonctions de l’Indépendance n’était pas bonne. Sous Mobutu, c’était un système fort, monopartite. Mais il y avait tout de même énormément de consultation et de dialogue, même pour la nomination d’un bourgmestre. Nous vivions en paix à cette époque-là, nous pouvions nous promener dans tout le Zaïre sans problème. Le Comité Central représentait toutes les forces ethniques du Congo. Le Maréchal dialoguait tous les jours avec tout le monde, il y a avait des passerelles. Mais il a fait trois erreurs fondamentales à mon sens: la plus grande est d’avoir nationalisé, sans préparation, l’Union minière du Haut Katanga en la transformant en Gécamines; la seconde est la zaïrianisation ; sa démission enfin a été une grande erreur, il aurait dû revoir la constitution. >>

Fify Kapalay, 39

<< Les gens viennent se divertir au théâtre, mais ils peuvent aussi y trouver des solutions à leurs problèmes. Le théâtre est un miroir de la société, c’est la représentation de la vie humaine sur scène. Le théâtre est libérateur, il rend les gens plus forts, moins timides, plus courageux. J'ai toujours voulu aider à éduquer les masses. Le théâtre était pour moi la réponse adaptée à ce désir. >>

Catherine Mazambi Malenge, 30 (au centre)

<< Il y a deux ans, mon mari a été kidnappé et tué. Il était en déplacement pour le travail. Le bus dans lequel il voyageait s’est fait arrêter. Ils ont demandé que les passagers marchent vers la forêt et c’est là qu’il a été abattu. Je ne travaillais pas depuis longtemps comme mécanicienne automobile quand cela est arrivé. Mais tous mes collègues sont venus à mon aide. Ils sont là pour moi et mes enfants depuis la mort de mon mari. Aujourd'hui, ils sont devenus ma famille.

J’aime montrer que les femmes sont aussi capables que les hommes. Mon rêve est d’ouvrir un garage qui serait à moi pour former des jeunes femmes mécaniciennes. >>

Amour Lombi, 22

<< Maki'la est un film qui parle de Kinshasa, mais il en montre un visage qui ne correspond pas à ce que j'en connais. Le Kinshasa où j'ai toujours vécu est celui où tout le monde est prêt à aider quelqu'un, où personne ne peut mourir de faim. C'est une ville où on ne dort jamais. C'est une ville où on s'entraide. Dans le film, on oublie les enfants des rues, les tshégués. J'en ai côtoyé beaucoup lorsque j'étais étudiante. Ils font peur parfois, ils peuvent être violents, mais c'est juste leur manière de s'adresser aux autres. Ils ne font pas de mal, même si au premier abord ils peuvent impressionner. >>

Ange-Pascaline ‘Pacy’ Mpuanga Nzala, 34 (à droite)

<< On est au Congo, et partout on est chez soi. Le plus grand frein, c’est la langue. Je me bats pour comprendre la langue qui est parlée ici, le kikongo. C’est ça qui constituerait peut-être un frein, une barrière entre moi et les gens d’ici. Mais à part ça, je me sens vraiment chez moi. Je parle trop français, c’est ça peut-être qui me freine.

Je ne pense pas que je suis une étrangère pour les gens d’ici. Surtout que je suis quelqu’un qui entre dans tous les milieux. De plus, pour être journaliste, il faut être caméléon. Avec les personnes démunies, je suis démunie, avec les personnes aisées, je suis aisée. Au marché, je suis comme la maman qui va au marché avec les babouches, je discute les prix, pourtant j’ai peut-être les moyens de payer. Le marchandage est dans mon ADN, c'est ce que nous faisons au Congo. Et c’est d’autant plus vrai que je suis journaliste. Il faut que je m’adapte, le métier l’exige. >>

Mélanie Mikombe Ntumba, 63

<< J’ai construit ma maison en trois mois. Le plus difficile était d’aller chercher le bois. Il fallait que je marche beaucoup pour aller en forêt. Lorsque le travail était difficile, je me souvenais de cette phrase : « Eduquer une femme, c’est éduquer toute une nation ». Elle me donnait la force de pouvoir continuer. Par ma joie, par mon refus d’abandonner, je voulais prouver à mes enfants de quoi j’étais capable, et leur montrer ce que eux aussi pouvaient faire. Je voulais être un exemple pour eux. >>

Joséphine Kakule, 28, avec bébé Bénédicte

<< J'étais enceinte de sept mois quand j'ai appris que j'étais malade. J'ai commencé à tousser, il y avait du sang dans ma toux, j'avais mal aux articulations. J'ai été diagnostiquée chez moi à Komanda. A l'annonce du diagnostique, je me suis enfuie dans la forêt. Je croyais que ma toux était liée à ma grossesse. Je ne pensais pas pouvoir contracter le virus Ebola alors que j'étais enceinte.

Les malades d'Ebola doivent se rendre dans les centres de traitement. J'ai été recherchée par la police, par l'hôpital de Komanda, et même par l'ANR [ l’Agence Nationale de Renseignements] car je m'étais enfuie dans une zone de conflits armés. Je savais qu'Ebola était une maladie grave mais je croyais ce que les gens disaient sur les centres de traitement. J'avais entendu qu'une fois dans un centre, les malades n'étaient pas soignés, mais qu'on les piquait pour les tuer. >>

* Les opinions exprimées dans ces témoignages ne représentent pas nécessairement celles de l'auteur